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L’ÉGYPTE ET LE CANAL DE SUEZ.

flanc des berges porte les traces profondes du bouleversement causé par l’abaissement subit du plan de l’eau douce jusqu’au niveau de la mer et le flot qui vient baigner leur pied rejette comme une écume diaprée, le corps de milliers de poissons, victimes de ce mariage insolite du Nil avec la Méditerranée.

« Un débarcadère construit auprès du pertuis-déversoir, conduit à une estrade décorée de palmes et de drapeaux, faisant face au canal d’introduction dans le bassin des lacs Amers, et d’où l’on aperçoit le déversoir dans tout son développement.

« La passerelle pavoisée de l’ouvrage est garnie d’ouvriers, chargés de lever les poutrelles-aiguilles, pour livrer passage à l’eau.

« À un signal donné par le prince, la première poutrelle de la travée centrale est dégagée. Un jet s’élance en sifflant par l’ouverture. Les autres poutrelles sont levées à leur tour et le jet devient une gerbe, puis une cascade. Deux, trois, quatre, dix, vingt travées s’ouvrent encore ; le flot gagne de proche en proche, jaillit de toutes parts autour des rocs tapissant le chenal et augmente incessamment de vitesse. Enfin, les cinq cents aiguilles