Page:Drohojowska - L'Égypte et le canal de Suez.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
141
L’ÉGYPTE ET LE CANAL DE SUEZ.

Il ne fallut rien moins que la rare persévérance de M. de Lesseps pour déjouer ce mauvais vouloir.

La Sublime-Porte, influencée par l’Angleterre, semblait craindre d’autre part de fortifier un vassal déjà trop puissant à son gré, en faisant de l’Égypte la route de l’Inde, c’est-à-dire le lieu de passage et l’entrepôt d’un commerce immense[1].

  1. Le journal des Débats — 26 novembre 1857 — appréciait ainsi le mouvement commercial qui déjà se manifestait à Suez sous l’influence de la puissante administration de Mohammed-Saïd : « Chameaux et barques arabes, tout cet attirail décrépit de la tradition musulmane menace ou plutôt promet de disparaître avant qu’il soit longtemps devant trois puissants agents du progrès : l’établissement de la navigation à la vapeur sur la mer Rouge qui, vivement encouragée par le pacha commencera, dit-on, dans peu de mois son œuvre ; l’achèvement du chemin de fer du Caire, et s’il plaît à Dieu — malgré l’Angleterre. — l’ouverture du canal de Suez. On conçoit que pour les barques chétives non pontées et misérablement armées des marchands d’Arabie, la mer Rouge n’ait guère été jusqu’ici qu’une mer hérissée de difficultés et de dangers : de bons bateaux à vapeur, commandés par d’habiles capitaines, franchiront aisément en quelques jours l’espace qu’on a toujours mis plusieurs semaines et sou-