Page:Drohojowska - L'Égypte et le canal de Suez.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
133
L’ÉGYPTE ET LE CANAL DE SUEZ.

géant et rivaliser avec les bras et la vigueur d’une armée de travailleurs infatigables.

Entrepris un demi-siècle plutôt, alors que la puissance de la vapeur avait à peine dit son premier mot, le percement de l’isthme de Suez eut épuisé les forces de plusieurs générations d’hommes, peut-être même eut-il été impossible.

Arrêtons-nous donc un instant, pour étudier comment s’est réalisée cette transformation apportée à notre temps dans le travail de l’homme par la science mécanique.

Interrogé dans une enquête sur la définition à donner aux machines, un ouvrier anglais répondit : « Tout ce qui, au-delà des dents et des ongles, sert à travailler est une machine. »

Cet ouvrier se trompait : « Les dents et les ongles sont eux-mêmes des machines, comme chacun de nos membres qui sont des leviers. On pourrait tout au plus distinguer des machines naturelles et des machines artificielles ; mais c’est là une distinction sans importance. La main est la plus admirable des machines : les outils qu’elle manie sont aussi des machines, et les machines-outils ne sont que des outils puissants mis en mouvement par une force plus énergique que celle de l’homme.