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L’ÉGYPTE ET LE CANAL DE SUEZ.

On ajoute qu’ils n’ont pas consience de leur propre dignité et qu’ils manquent de ce respect de soi-même qui est le trait distinctif des grandes nations. On les voit en effet tendre la main sans honte et poursuivre les voyageurs de leurs sollicitations importunes sans se laisser rebuter par les admonestations les plus humiliantes. On les voit courbés sous une discipline dégradante, recevoir un châtiment corporel sans y attacher aucune idée d’infamie… Mais tout cela ne s’explique-t-il pas par l’état de dépendance où ils ont été tenus si longtemps...

S’il y a lieu de s’étonner, c’est nous semble-t-il qu’en dépit de cet asservissement ils aient — à côté de ces défauts que beaucoup de peuples libres n’évitent pas complètement, — conservé des qualités qui les rendent vraiment remarquables, et les placent en tête des autres peuples orientaux.

Si en effet « l’Égyptien est léger et oublieux comme on l’assure, il est intelligent, il a la compréhension vive et prompte. Il est actif ; sur le champ qu’il cultive il n’y a pas de travaux si pénibles qui puissent déconcerter sa patience, épuiser sa force vraiment herculéenne… Il faut le voir charger sur ses épaules des fardeaux énormes