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L’ÉGYPTE ET LE CANAL DE SUEZ.

reçut des chérifs de la Mecque les clefs de la Kasba et, du dernier Abasside, l’étendard du prophète ! »

Ceci suffirait à expliquer les appréhensions du gouvernement ottoman à l’endroit du développement rapide de l’Égypte. D’autres motifs de crainte se rattachent à la position nouvelle faite à ce pays par le percement de l’isthme de Suez.

Ce grand événement, en effet, augmentera encore l’ascendant naturel de l’Égypte sur les pays voisins. Il lui donnera des villes nouvelles sur le chemin de l’Arabie, et, en ce pays, une prépondérance plus grande ; il aura pour résultats d’accroître dans de grandes proportions ses forces maritimes, de lui assigner dans le pèlerinage de la Mecque un rôle de plus en plus grand, et de mettre pour ainsi dire à sa discrétion le territoire de l’Hedjaz, sacré pour les musulmans. »

Mais en dépit de ces causes d’agrandissement et de progrès la crainte que la jonction des deux mers favorise l’indépendance de l’Égypte, crainte exploitée par les adversaires de M. de Lesseps au début de son entreprise et que semble réveiller l’inauguration du canal maritime, est-elle fondée ?

Non, affirment des écrivains compétents ; bien