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nous vient du passé. Et, si cela est ainsi, que devient le droit de propriété dans l’avenir pour les richesses nouvelles que crée le travail incessant de l’homme ? Faut-il reconnaître qu’il ne survit pas à chaque génération qui les produit ? Autant vaudrait dire, en présence de l’enchevêtrement des vies individuelles, qu’à peine est-il né, il cesse d’exister.

En matière scientifique il faut prendre garde à l’illusion des images auxquelles se plaît et s’habitue notre esprit. Les générations se succèdent, sans doute ; mais non comme des êtres physiques ou moraux bien définis dont on peut dire qu’ils sont des auteurs ou des propriétaires.

Un peu vague aussi, ses partisans mêmes en conviennent, est cette théorie du contrat, forme idéale que doivent revêtir les relations sociales. Que l’assurance mutuelle en soit le premier objet, cela peut être admis sans grandes difficultés ; mais encore faudrait-il définir ce qu’on entend par risques sociaux. Il serait possible de pousser plus loin la critique sur ce point qui intéresse plus particulièrement les juristes ; aussi propose-t-on, subsidiairement, de baser le principe de la dette sociale sur un quasi-contrat, ce qui prêterait à de nouvelles discussions. Mais à quoi bon s’étendre sur ces critiques ?

Si la théorie de la solidarité ne résout pas dès maintenant de façon à désarmer toute objection les questions sociales les plus graves, n’est-ce pas à cause de la difficulté même du problème à la solution duquel elle s’attache ?

La répartition des richesses est intimement liée à leur production et rien n’est plus compliqué que