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Enfin, il doit être suffisant pour laisser à chacun le moyen de se développer librement.

Cette dette, imposée par l’esprit de justice, une fois acquittée au moyen de l’impôt, alors la liberté commence vraiment, la propriété individuelle devient respectable. Ce n’est pas là la coopération intégrale rêvée par quelques-uns, mais tout en souhaitant son avènement et l’extension plus grande de la mutualité, c’est à cette assurance contre les risques communs que M. Bourgeois fixe la limite de la justice.

Pour la mieux marquer et faire ressortir l’esprit de conciliation avec lequel il entend juger deux tendances absolues et rivales actuellement en présence, il conclut ainsi : « Avec les économistes, nous disons : Liberté, c’est la condition du progrès humain. Avec les socialistes, nous disons : Justice. Mais la justice, pour nous, reste le point de départ de la liberté. »

Voilà cette théorie, telle qu’elle a été développée notamment par M. Bourgeois dans son beau livre de la Solidarité et dans trois conférences à l’École des Hautes Études sociales.

Les plus sceptiques et les plus indifférents n’ont pas le droit de refuser leur estime et leur approbation aux esprits généreux qui l’ont conçue et travaillent à lui donner sa forme scientifique.

Ils sont un honneur pour notre temps et notre pays, les hommes qui, mus par un idéal trop élevé pour n’être pas pur de tout mobile vulgaire, s’efforcent de réaliser dans la paix et la justice les améliorations dont notre société ressent le besoin plus ou moins conscient.

Quel sera le succès de cette tentative ? Dans quelle