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Ces foyers de vie et de lumière doivent luire pour tous : donc gratuité de l’enseignement à tous les degrés, pour l’enfance et la jeunesse d’abord, et, puisqu’on apprend à tout âge, garantie à chacun de loisirs suffisants pour qu’il puisse continuer à s’instruire dans la limite de ses facultés naturelles. D’où, par une conséquence logique et ne serait-ce que pour ce motif, limitation des heures de travail dans la classe ouvrière.

À côté de cette source intarissable de biens immatériels, où nous pouvons puiser avec la plus avide curiosité sans la diminuer d’une goutte, considérons maintenant la masse des richesses matérielles accumulées par un labeur séculaire ; celles-ci se diminuent par le partage et se détruisent par l’appropriation.

Dans quelles limites le contrat social en peut-il autoriser l’usage commun ?

Dans les limites nécessaires, dit-on, pour assurer par un salaire suffisant contre les nécessités de la vie et contre les misères provenant de la maladie, des accidents, la vieillesse. L’égalité des salaires ne peut, en effet, exister ; quoi qu’on fasse, il subsistera toujours trop de différences naturelles entre les forces des hommes pour qu’ils représentent tous la même valeur économique. Mais la force commune doit garantir le minimum nécessaire pour l’existence à tout associé qui est mis par l’âge, les infirmités dans l’impossibilité physique ou intellectuelle de se conserver par ses seules forces. Il est dû aussi à tout associé rendu temporairement par la maladie, un accident du travail ou le chômage forcé, incapable de se suffire.