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Non, lui, Dubourg, était pour cet effort difficile et modeste qui est l’humain, et qui cherche non pas la balance entre ces entités, le corporel et le spirituel, le rêve et l’action, mais le point de fusion où s’anéantissent ces vaines dissociations qui deviennent si aisément perverses. S’il étudiait les dieux anciens, ce n’était point par goût découragé du livresque, pour se dérober dans le passé, mais parce qu’il espérait nourrir de cette étude la recherche accordée aux inflexions de son époque, de cette éternelle sagesse. Cependant, Alain songeait tout haut.

— La drogue était dans mes veines avant que j’eusse réfléchi.

— Comment ?

— J’ai commencé par attendre les femmes, l’argent, en buvant. Et puis tout à coup, je m’aperçois que j’ai passé ma vie à attendre, et je suis drogué à mort.

— Mais pourtant, tu as eu Dorothy et Lydia, et d’autres avant.

— Il était trop tard, et d’ailleurs je ne les ai pas eues et je ne les ai pas.

— Mais si, tu tiens Dorothy. Tu n’as pas besoin de coucher avec elle pour cela.

— Je ne la tiens pas, et c’est parce que j’ai mal couché avec elle.

— Elle fuit la drogue, voila tout.

— Mais je me drogue, parce que je fais mal l’amour.

Dubourg s’effraya de tant d’aveux de la part