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Constant fit son rapport. Les trois approuvèrent. On introduisit Tissot. Charles dans le carnet alla droit aux points sensibles et conclut :

— Tu nous dois quarante billets, à verser demain. Premier et dernier avertissement. Demain je t’enverrai dans la Haute-Marne.

Charles tutoya Constant :

— Tu t’en es bien tiré. À un autre travail. Je te présente Tony Vanneau et Robert Santon.

Les deux inconnus étaient grands, et d’un autre milieu que les Susini.

— Nous dînerons tous ensemble, ce soir, chez moi.

Constant passa une journée agréable. Il rentra chez lui et, après s’être lavé, compara un passage du Zohar avec un passage de la Brihad Aranyaka Upanishad. Sur du beau papier, il transcrivit face à face les deux textes. Il avait une belle écriture ferme qui lui donnait un peu du plaisir du dessin, lequel lui était interdit. Il écrivit le texte juif en noir et en rouge le texte indien, à qui allait sa préférence. En dessous, il marqua un bref commentaire.

L’après-midi, il avait pris rendez-vous avec une ancienne ouvreuse de cinéma dont c’était le jour de sortie. Elle avait la peau très blanche, des seins abondants, un peu trop souples et des cheveux longs, couleur de châtaigne. Après l’avoir quittée, il entra dans un café et écrivit dans son carnet les éléments d’un sonnet en l’honneur de cette fille où il voulait faire entrer les idées des deux textes. Il savait qu’il n’y arriverait pas et après avoir contemplé les fragments épars