Page:Drieu La Rochelle - Les Chiens de paille, 1964.djvu/238

Cette page n’a pas encore été corrigée

Constant se dit : « Diable, les choses vont trop vite. Toute mon idée va être par terre. »

— Descendons dans le caveau, dit-il à Susini.

— Pourquoi ? Les autres vont être là dans un moment.

— Mais nous leur imposerons mieux nos conditions aussi à ceux-ci, en étant à l’abri dans le caveau.

— Tu crois ?

— Sûr.

Susini hésitait, mais Constant soulevait la seconde trappe et commença à tirer le corps de Cormont. Susini se décida à l’aider. La bagarre se développait rapidement en haut, les gars de Cormont étaient débordes et n’osaient pas faire usage de leurs armes. Constant entendit la voix de Bardy qui criait : « Susini, Constant, où êtes-vous ? » Il rabattit la trappe.

Le caveau était éclairé par la porte ouverte sur le marais. Une grosse lanterne qu’y avait apportée Cormont fut aperçue et allumée. Susini était assis sur une caisse de munitions, à côté de Cormont. Constant éprouva une profonde satisfaction : « Maintenant, je suis arrivé à mes fins, je les tiens tous les deux. Je ne ferai plus que ce que je voudrai. Dieu, que tout cela a été long et traînant, que de retards futiles, comme dans un mauvais roman d’aventures. Encore un geste à faire pourtant. »

Cela devenait une comédie, cela serait devenu une comédie tout à fait si cela n’avait enfin commencé à être une tragédie. Susini ne réagissait pas beaucoup, il réagissait somme toute extrêmement