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restant seul avec les deux, le regarda, mais mit son amour-propre à ne pas s’en saisir. Que pouvait-il craindre. L’entrée de la salle était gardée par ses hommes comme elle l’avait été par les hommes de Salis et il avait éprouvé lui-même alors le sentiment d’être bien pris. Susini était assis. Constant était debout immobile. Cormont se promenait autour de la table, de sorte que Susini à un moment put faire un clin d’œil à Constant qui le lui rendit peu après.

Susini se taisait et semblait se recueillir.

— Eh bien, allez-vous parler ? finit par demander Cormont.

— Je n’aime pas beaucoup parler de certaines choses, je…

Les deux battoirs de Constant s’abattirent sur la bouche de Cormont, sur ce visage consacré par la guerre. Aussitôt Susini bondit et de ses deux petits bras il enserra les bras de Cormont avec une force nerveuse inattendue. Cormont se débattait durement et comme il commençait à faire du bruit avec ses jambes et ses pieds, Constant se mit à lui taper sur le crâne pour l’étourdir, puis le lâchant brusquement, lui appliqua un dur crochet à la mâchoire. La porte ne s’était pas ouverte. Constant se servit du même bâillon que pour Susini ; il prit les embrasses des rideaux pour attacher les mains et les pieds. Puis il alla vers la porte de la chambre de Susini.

— Où vas-tu ?

— Je vais prendre quelque chose dans ma chambre.

Il traversa la chambre de Susini où il n’y avait personne