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Susini réfléchissait. Constant aussi : il n’avait réalisé que le début de son plan, il lui fallait le consommer.

Constant avait senti un profond dégoût et une profonde hostilité monter en lui contre Susini et pourtant il devait constater qu’en ce moment encore, à ce suprême moment, ses buts immédiats coïncidaient avec les siens. Toujours cet étrange mic-mac humain, toujours des coïncidences crapuleuses. Susini dans son intérêt et Constant dans l’intérêt de son plan devaient l’un et l’autre empêcher que Cormont ne réussisse sa percée. En dépit de la présence de Cormont et de deux ou trois de ses acolytes, Constant regarda Susini avec insistance.

Susini sembla comprendre, car il changea de ton avec Cormont et lui dit :

— Écoutez, mon jeune ami, vous êtes fou, mais votre excuse c’est qu’il y a des choses que vous ne savez pas.

Je vais donc vous les dire, mais d’abord il faudrait que nous fussions seuls.

— J’ai pleine confiance dans les hommes qui sont ici.

— C’est possible et cette confiance vous honore tous, mais moi il y a des choses que je ne puis dire qu’à vous. Cormont le regardait d’un air sceptique et méprisant.

— Après tout, j’ai une heure à perdre, il n’est que quatre heures et demie, allons les gars, sortez.

Ils sortirent…

Constant aussi bien que Susini avait examine les lieux. Il y avait un revolver sur la table. Cormont,