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Susini hocha la tête ; tant qu’à faire, il n’était pas mécontent de l’initiative de Constant.

— Alors, c’est ça ? Oui, ça se défend. Mais la méthode, mon salaud…

Cormont réfléchissait. Il cherchait son avantage dans ce qui venait de survenir.

Les garçons qui étaient dans la pièce, après un premier mouvement de curiosité, se désintéressaient de ces vieux. Ils avaient tapé dans la réserve d’alcool et de tabac de Susini et se trouvaient assez bien ; ils aimaient mieux être là qu’à l’École.

— Susini, dit enfin Cormont, vous avez beaucoup de relations. C’est le moment de vous en servir. Téléphonez à la préfecture ou ailleurs pour les mettre au courant de la situation.

— Pourquoi ne l’avez-vous pas fait vous-même ?

— Je songeais à le faire.

— Faites-le.

— Non, faites-le.

Susini haussa les épaules.

— C’est idiot ce que vous me proposez. Le dépôt d’armes sera découvert. Vous n’y avez pas plus d’intérêt que quiconque. Et Salis, et Préault, et Bardy, chacun préférerait comme vous l’avoir pour lui tout seul, mais ils ont compris qu’il fallait mieux le laisser ici. Vous devriez comprendre ça, décidément, Cormont.

— Le laisser ici, pourquoi ?

— On verra.

— Pour le jour du débarquement ? Alors vous êtes avec Préault et Salis ?