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— Qu’est-ce que vous voulez ? Pas de parlementaires.

— Je viens en isolé. Je vous expliquerai.

— Vous êtes seul ?

— Non, il y a Susini qui est… ficelé.

— Voyons cela.

Constant débarqua et dégagea Susini.

— Qu’est-ce que ça signifie ? grogna celui-ci.

— Oui, qu’est-ce que ça signifie ? fit Cormont.

— J’ai froid, répondit Constant, froid depuis vingt-quatre heures. Je voudrais bien me réchauffer.

Cormont les emmena dans la grande pièce, mais il tâta d’abord leurs poches pour voir s’ils étaient armés.

— Non, nous sommes des civils, murmura Constant.

— C’est une distinction qui n’a plus cours.

Il y avait du feu dans la grande salle et ils se réchauffèrent. Deux ou trois des garçons de Cormont étaient là et celui-ci ne les fit pas sortir. Susini n’avait pas ici l’air beaucoup plus déconsidéré que de l’autre côté.

— Qu’est-ce que ça signifie ? redemanda Cormont.

— Eh bien, répondit Constant, je n’en sais rien.

— C’est pour faire de l’humour ?

— Il a fallu que je fasse ça.

— Pourquoi m’avez-vous amené Susini ?

— Je vous ai amené, dit Constant à Susini, peut-être parce que vous êtes plus à votre place ici, chez vous, pensez donc.