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il croisait une file de vélos. Il y eut de sourdes exclamations. Il sauta à terre. Les derniers de la file en firent autant. On lui braqua une lampe sous le nez.

Constant devina que c’étaient les hommes de Salis. Celui-ci qui était en tête faisait demi-tour et revenait.

— J’allais te chercher, dit Constant.

— Pas besoin. Allez, viens.

Roulant de nouveau vers la Maison des Marais, Constant se dit : « J’aurais dû y penser plus tôt et Susini aussi. Évidemment, Salis avait été alerté par la fuite de Cormont. Et il a eu largement le temps de réunir ses types. Le plus étonnant, c’est qu’il ne soit pas intervenu plus tôt. Ah, ça va faire une belle réunion contradictoire sur la chaussée là-bas. »

Le petit jour pointait. Salis savait que la bande de Bardy était là et il fit arrêter la sienne un peu en arrière, puis il chercha Bardy et Susini. Il ne savait pas qui avait fait échapper Cormont, car il dit vaguement, bien que furieusement :

— Vous avez fait du beau travail.

« C’est vrai que j’ai fait du beau travail, soupira Constant. Que j’aie libéré Cormont a un sens, ça doit prendre son sens. »

Salis continua d’une façon plus précise :

— Notre intérêt à tous pour le moment est le même : éliminer ce petit emmerdeur. Êtes-vous d’accord, Bardy ?

« C’est cocasse que le communiste et le fasciste de la région soient là, prêts à s’entendre. Ça en dit long. Et sur le dos de la « France seule », ça en