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Il pense donc différemment. Il n’a pas amené ses hommes pour les embarquer, les armes ?

— Il avait excité Cormont, pour le compromettre, uniquement. Tout à l’heure, en venant, j’avais l’impression qu’il ne voulait pas les prendre. Il aime mieux comme Salis et comme Préault que ce soit moi le compromis.

— Bon Dieu, je n’ai pas chaud.

— Je te donnerais bien mon pantalon, mais tu es trop grand. Allez, file.

Constant se réchauffa en pédalant. Il se demandait si Bardy n’allait pas s’apercevoir de son absence… Non, Susini lui racontait une blague… Quand même, ça allait le mettre en méfiance. Quand Salis rappliquerait… mais le temps que Salis rassemble ses hommes, ça prendrait des heures. Salis ne serait là que dans la matinée, à ce moment-là que ferait Bardy ? Ne se retournerait-il pas en faveur de Cormont, contre Salis ? Et la bataille restait toujours improbable au nez des Allemands. C’était inouï de penser que tout cela se passait si près des Allemands. On aurait cru qu’ils n’étaient pas là. Et pourtant, ils étaient là et comment ! Et les Anglais, les Américains, les Russes étaient là aussi dans l’ombre. Ah, légers Français qui continuaient à ne pas sentir le poids de ces ombres. Lui, Constant, savait sur la planète le poids de ces grandes masses, il les avait tâtées sur place… Bardy finirait par mettre les Allemands dans le coup.

Constant vit arriver vers lui un vélo. La lune n’était plus là et il mit du temps à s’apercevoir qu’