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— Au moins, il n’y a pas eu de coup de feu, soupira Susini.

La situation était la suivante ; Cormont n’avait pu déménager les armes mais il était maître de la maison et il était difficile de l’en faire sortir. Voire impossible. À coups de poings, ça n’irait pas, on était de force égale et les autres avaient l’avantage de la position. À coups de feu, pas question. Alors ?

La position de Susini commençait à devenir ridicule. Ce bonhomme du marché noir, cet épicier qui avait des fusils entre ses tonneaux d’anchois, était maintenant dans les mains de Bardy, après avoir été la veille dans les mains de Salis.

— Alors ?

Susini siffla :

— Il ne pourra pas rester là longtemps, il faudra bien qu’il rentre à l’école avec ses élèves, ce jeune pion. Attendons.

— Où ? Ici ?

— Dame. Écoute, Constant, voici ce que tu vas faire.

Susini expliqua à Constant qu’il fallait en douce enfourcher une des bécanes qui étaient près de là et aller prévenir Salis d’amener du monde.

— Ça va faire une drôle de bagarre ; tu veux que les hommes de Salis et ceux de Bardy se massacrent, grogna Constant.

— Non. Je vais parler à Bardy. C’est son intérêt que les armes restent ici.

— Mais c’est lui qui a poussé Cormont à les prendre.