Page:Drieu La Rochelle - Les Chiens de paille, 1964.djvu/216

Cette page n’a pas encore été corrigée

Français ? Quels Français ? Constant s’avança à travers les buissons du côté du bruit. Des hommes avec des bicyclettes. Un long coup de sifflet partit du côté du camion : la sentinelle de Cormont prévenait ses camarades. Constant s’approcha davantage des nouveaux arrivants. Il crut reconnaître une silhouette, celle de Bardy, puis la voix un peu pointue de Susini. Il risqua le coup et s’avança sur la route. C’était bien Susini, Bardy et sans doute des hommes de Bardy.

— Allez, venez vite, cria Constant, le camion n’est gardé que par deux hommes. Sautons dessus avant que les autres n’arrivent.

Tout le monde s’ébranla. Ils étaient sept ou huit.

— Ne tirez pas, cria Susini autant pour les uns que pour les autres.

Il n’y avait que le chauffeur du camion, l’autre homme avait battu en retraite. Le chauffeur ne pouvait rien faire et ne fit rien. On le fit descendre de son siège.

— Mettez en marche et allez un peu plus loin dans un petit chemin pour qu’on ne le voie pas sur la route, ordonna Bardy.

Les garçons de Cormont accouraient tous ensemble. Brusquement, ils s’arrêtèrent. On entendit la voix de Cormont.

— Non, non, restez dans la maison. Le camion a été enlevé. Gardons la maison.

Bardy et ses hommes se jetèrent en avant. L’échauffourée eut lieu. Ceux de Cormont reculèrent en se bagarrant et finirent par se retrouver derrière la grille fermée.