le pillage de l’arsenal ? Garder cet arsenal pour Susini, n’était-ce pas sa mission spéciale ? Comment faire ? Alerter Préault ou Salis ? C’était loin, sans vélo. Préault 8 kilomètres. Salis 7 kilomètres. Il arriverait trop tard. Au fond, il répugnait à mettre en branle ces deux-là contre Cormont : il préférait Cormont à ces deux-là. Pourquoi ? Question de peau, et Cormont était plus jeune que Préault à tous points de vue et moins sommaire que Salis. Cormont n’était pas un bourgeois comme Préault, pas un ouvrier comme Salis.
Constant se mit à pagayer doucement, prenant un peu le large du marais pour aller aborder à la terre ferme, non loin de l’endroit où la chaussée qui desservait la maison rejoignait cette terre ferme et se prolongeait par le chemin vicinal. Sans doute les garçons de Cormont avaient là un poste ou une sentinelle. Ils devaient avoir aussi là un camion. Constant aborda dans les roseaux, y tira la périssoire et s’en alla vers le point de départ de la chaussée. Il était en pantoufles.
En effet, il y avait là un camion. Un homme était debout à côté qui parlait à un autre homme dans le camion. Brusquement, Constant eut une idée : « Si je crève les pneus, l’arsenal est sauvé. » La situation devenait piquante. Il devait faire cela du point de vue de Susini. Mais aussi il allait prendre activement parti contre Cormont. Ce qu’il n’avait pas fait jusqu’ici.
Il était arrêté dans l’ombre, il faisait plutôt froid, car on était en octobre : il était en pyjama et en pantoufles dans l’herbe mouillée ; il avait juste