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— Je n’en sais rien, répondit Constant d’un ton bourru.

— Allons, pas de blagues, fit Cormont.

— Je ne le sais pas.

— Je vais vous faire griller les pieds.

— C’est une expérience que j’attends depuis bien longtemps, c’est un utile avant-goût de l’enfer.

— Constant, je ne blague pas. Je sais que c’est Roxane qui m’a trahi, mais peut-être vous en plus.

— Le fait est que tout le monde était au courant de votre projet. Je ne vous félicite pas.

Soudain, Cormont changea d’expression.

— Allons, il se peut que Susini se soit méfié de vous. Mais moi, je sais où est le dépôt. Venez voir.

Le jardin était sur un terre-plein. Le terre-plein qui se terminait presque en pointe par une terrasse surélevée et surmontée d’une sorte de kiosque, du genre Second Empire, baignait par une paroi assez haute et maçonnée dans l’eau du marais. Dans cette paroi, profondément cachée sous le lierre, non loin du kiosque, une ouverture étroite était ménagée au ras de l’eau, face au nord-ouest, face aux dunes. Les garçons de Cormont s’étaient déjà approchés dans la barque de la maison et avaient ouvert la petite porte. Ils s’aidaient d’une seule lampe électrique, masquée par un manteau.

— Vous aviez donc une clé ! s’étonna Constant.