Page:Drieu La Rochelle - Les Chiens de paille, 1964.djvu/210

Cette page n’a pas encore été corrigée

ne viendrait dans cette maison, qu’il y resterait seul, qu’elle tomberait en ruines au milieu des guerres interminables et qu’il y mourrait, lentement pourri. Pourtant, il y avait le dépôt d’armes ; peut-on vivre oublié sur un dépôt d’armes ? Et il y avait ce besoin désormais immédiat d’en finir avec sa vie, d’organiser sa mort.

Le lendemain, Susini ne parut pas de la journée.

Au milieu de la nuit, Constant fut réveillé. Quelqu’un frappait à son volet. Il demanda « Qui est là ? » Ce fut la voix de Cormont qui répondit. Il entrouvrit. Cormont enjamba… mais pas seul ; un, deux, trois garçons entrèrent avec lui. Quand Constant eut allumé, il comprit tout de suite que Cormont était revenu pour accomplir ce dont il avait été empêché la première fois. Cormont donnait aussitôt des ordres. On alla ouvrir la grille par où entraient d’autres jeunes garçons.

— Et alors ? demanda Constant.

— Je suis pressé, répondit Cormont et il lui tourna le dos. Restez ici, lui jeta-t-il par-dessus l’épaule.

Que faire ? Certainement pas plus que n’avait fait Susini en pareil cas, qui ne lui avait pas laissé d’instructions spéciales. Certes, Constant avait maintenant un revolver. Mais les coups de feu alerteraient les Allemands. Ils avaient un fortin à quinze cents mètres.

Cormont revint.

— Où sont les armes ?