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lui une vengeance. Elle regardait son sang couler et une espèce de volupté était en elle.

— Je pense à la Russie. Je voudrais être en Russie, dit-elle en faisant un pansement autour de sa cuisse.

Elle se rhabilla, contente maintenant d’avoir échappé à la banalité d’une étreinte qu’elle n’avait pas désirée. Elle avait seulement songé à plaire étrangement à un homme étrange.

Il lui dit encore :

— Si vous essayez de prévenir Salis, je mettrai le feu à votre maison.

Il s’en alla en hâte et courut jusqu’à la maison pour y prendre son vélo.

Il doubla sur la route, à quelques kilomètres de là, Bardy accompagné de deux types. Le soir tombait.

— Où allez-vous ? demanda celui-ci.

— Ma foi, avoua Constant après un court instant de réflexion, vous ne serez pas de trop. Je vais délivrer Cormont.

— Tiens, vous savez où il est. Je crois le savoir aussi et j’y allais.

Ils confrontèrent leurs renseignements qui se recoupaient.

— Alors, Roxane m’a dit la vérité, conclut Constant.

— Comment a-t-elle pu ?

— Je l’ai forcée.

Bardy eut un large sourire au récit succinct de Constant qui passa sous silence le lieu et certains détails.

Cormont était gardé dans une ferme. Il était sous