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vis-à-vis de Salis, c’est déjà fait, mais vis-à-vis de vous.

Préault, qui semblait assez dérouté depuis le matin, se raidit brusquement.

— Qu’entendez-vous par là ?

— Je n’en sais rien encore, mais, d’une manière ou d’une autre, je tirerai mon épingle du jeu.

— Mais alors, après cela, nous serons vos ennemis mortels.

— J’aurai commencé par être le vôtre : je n’admets pas que l’on entre chez moi sans ma permission comme l’a fait votre ami Salis.

— Enfin, nous allons voir.

— Si Cormont n’est pas chez moi demain avant seize heures, c’est fini entre nous.

— Entendu. Au revoir.

Susini et Constant rentrèrent à la maison. Sans mot dire, Constant se disait : « À mesure que Susini se définit plus précisément par certains côtés, son point central devient plus incertain. Qu’est-ce que j ai découvert sur lui, depuis quelque temps ? Il est moins lié que je ne croyais avec Bardy, moins lié avec Préault et Salis, je viens d’en avoir la preuve. Il ne semble pas non plus avoir des relations suffisamment utiles à tel ou tel étage de la police française ou même allemande pour faire pister Salis et son prisonnier. Ça, peut-être, il pourrait le faire, mais pour le moment, il ne veut pas. Ce ne serait donc qu’un homme de marché noir, décidément ? »