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les routes et les rues. On n’en était pas encore là en France, en 1942 : les morts violentes ne se comptaient encore que par dizaines.

Préault fit mine de s’attendrir sur la jeunesse de Cormont. En France les vieillards s’attendrissent volontiers sur les jeunes hommes pour mieux les étouffer. Dans le sourire de Préault, il y avait un grincement de dents. Préault comme les autres était inquiet et jaloux de Cormont.

Il vint au rendez-vous. Susini avait d’avance recommandé à Constant de ne pas s’écarter.

— Préault, vous êtes à même mieux que personne de savoir où Salis a caché Cormont. Les amis de Cormont nous ont donné quarante-huit heures pour le faire relâcher. Sinon, ils mettent en branle la police française, ce qui finira par alerter la police allemande.

— J’ai déjà été voir Salis, mais il est absent.

— Il a l’intention de se foutre de vous comme de nous. Mais enfin, il n’y a pas que Salis dans la région.

— Je vous assure que je vais faire le nécessaire.

— Vous auriez déjà dû le faire. Si je suis dans le bain, vous y serez.

— Bien sûr, bien sûr.

— Ce n’est pas commode d’être allié aux communistes.

— Ah, bien sûr, bien sûr.

— « Bien sûr, bien sûr ! » En tout cas, demain soir, si Cormont n’est pas libre, je me considérerai comme délié de tout engagement, non seulement