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— Va m’attendre dehors, je te prie, nom de Dieu. J’en ai assez de ces allées et venues.

— C’est naturel que dans une boutique chacun entre et sorte. Alors Cormont voulait te piller et Salis t’a défendu ! Tu es une vraie putain, on se m’arrache.

— Ils en veulent à mon petit saint-frusquin, et toi aussi. C’est toi qui as lancé Cormont dans cette affaire.

Parce que tu espères que finalement Cormont marchera avec toi.

— Dame, si les Anglais débarquent, Cormont qui est un patriote réagira.

— Mais pour le moment, remarqua Constant, ce sont les Allemands qui sont là.

— Dans la maison d’un cocu il y a toujours quelqu’un qui est là, railla Susini.

Son teint était brouillé, sa graisse jaune.

— Vous êtes bien idéologues à votre réveil, vous autres, railla Bardy. Vas-tu laisser Cormont aux mains de Salis ?

— C’est une sale histoire, et je suis sûr, mon petit Bardy, que tu te charges de la compliquer.

— Elle n’a pas besoin de moi pour se compliquer, l’histoire. Les types de l’École des Cadres vont alerter la police française. Ce qui mettra en branle la Feldpolizei, tôt ou tard.

— Pas moyen d’éviter ça ?

— Toi, tu aurais pu l’éviter en empêchant Salis…

— Il n’y avait rien à faire, demande à Constant. Salis avait un tas de types armés. À propos, je me demande s’il a embarqué aussi les copains qui accompagnaient Cormont.

— Non.