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Au petit matin, Constant fut réveillé par Bardy qui se tenait au pied de son lit, un doigt sur les lèvres.

— Parlez bas. Ils l’ont enlevé, je sais. Je n’ai pu venir à temps pour empêcher ça. Racontez-moi.

— Ah, vous m’emmerdez tous, grogna Constant dans ses draps. Qu’est-ce que c’est ? Les deux autres hier au soir, vous ce matin. C’est un bordel, cette maison. Allez donc voir le patron, moi je dors.

— Allons, allons, Constant.

— D’abord, je ne m’appelle pas Constant, je m’appelle Trubert.

— Allons, Trubert, vous avez de la sympathie pour ce petit Cormont. Savez-vous où ils l’ont emmené ?

— Je n’ai pas plus de sympathie pour lui que pour vous. Vous êtes tous des singes galeux dans la même cage.

— Ne parlez pas si fort, parlez tout bas. Je ne veux pas que Susini entende.

— Il a le droit d’entendre ce qui se dit chez lui.

— Où est Cormont, selon vous ?

— Je n’en sais rien, je m’en fous. Comment êtes-vous au courant ?

— Un de ses amis de l’Ecole des Cadres est venu me prévenir. Mais ma voiture ne marchait pas et je n’avais pas d’hommes sous la main. Si ma voiture avait marché, je serais venu tout seul d’ailleurs.

— Qui a vendu Cormont ?