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Cela tournait à la frasque de collégien.

— On les a enfermés dans la bicoque du jardinier, près de la grille.

— Bon, je vais venir. Restez derrière cette porte.

Le type qui lorgnait le carafon d’eau-de-vie s’en alla sans que Susini lui en offrît. Celui-ci prit rapidement la parole.

— Bon, eh bien, voilà une affaire réglée. Vous avez eu tort, Cormont, c’est un coup de tête de jeune homme. Vous allez rentrer chez vous. Comment êtes-vous venus ? Vous avez un camion quelque part ?

— Pas du tout, coupa Salis. L’affaire n’est pas réglée, mais je vais la régler. Je vous emmène.

Cormont montrait le visage fermé et obstiné d’un petit garçon pris en faute, mais qui n’en pense pas moins.

— Où voulez-vous donc l’emmener ? demanda Susini d’un ton contrarié.

— Où ça me chante.

Susini haussa les épaules.

— C’est absurde. Si vous le séquestrez, on va le rechercher. Ils parleront à l’École des Cadres et on viendra droit ici sans compter chez vous.

— Ils seront prévenus à l’École des Cadres de ne pas broncher. Ils ne broncheront pas ; ils ne voudront pas faire arrêter des Français par des Allemands. N’est-ce pas, Cormont ?

Cormont, qui réfléchissait autant qu’il pouvait, tressaillit.

— La police française saura très bien agir en dehors des Allemands, murmura-t-il.