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— Je bluffe, tu vas voir, ricana Salis avec un accent soudain plus faubourien.

Il mit deux doigts dans sa bouche comme un galopin des rues et siffla. Les spectateurs : Roxane, Constant, Susini, en furent choqués. Il y eut un remue-ménage dans la maison. Cormont bondit vers la porte. Au passage, Susini, qui fumait avec un assez long porte-cigarette et qui avait les mains dans les poches de son veston croisé, en sortit une brusquement et lui donna un coup sec sur la main. Le revolver tomba. Avec une vigueur et une rapidité surprenantes chez ce petit homme grassouillet, il donna un coup d’épaule à Cormont pour l’écarter du revolver et le ramassa. Cormont, surpris, s’indigna et lui allongea un coup de poing qui alla à l’épaule. Un second qui se heurta à la crosse du revolver. Salis arrivait et, se ramassant dans sa petite taille, lui donnait un coup de tête dans le flanc. Cormont, pris en traître, manqua d’être renversé et alla donner dans une crédence où son coude balaya un vase. Deux hommes entrèrent, revolver au poing. C’étaient deux hommes de Salis. Cormont n’avait plus qu’à se tenir tranquille, c’est ce qu’il fit soudain avec assez de sang-froid.

— Salis, on les a désarmés, dit l’un des hommes qui avait une vieille veste de velours à côtes et l’air d’un paysan.

— Qu’est-ce qu’ils avaient comme armes ?

— Pas de pétards, pas grand-chose.

— Ils se sont laissé faire ?

— Dame, il aurait fallu voir.