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le camp de gré ou de force. Tu me laisseras faire. Ce petit idiot nous fera faire comme des rats. Tant pis pour la maison.

Mais il avait l’air de dire : « J’arrangerai ça après. »

Salis rentra un peu soucieux. Il regardait Susini en ricanant.

— Je ne sais pas pourquoi vous ne me racontez pas votre plan, insista Susini. Je suis sûr que vous allez faire simplement couper la chaussée derrière les hommes de Cormont. Mais ce sont de petits jeunes qui s’énerveront et qui feront un raffut épouvantable… Vous n’avez pourtant pas peur de moi ?

— Qu’est-ce que vous proposez ?

— … Eh bien, il vaut mieux que vous vous cachiez et que j’aille seul au-devant de Cormont. Je l’attendrai à la grille et je m’arrangerai pour le faire entrer seul, ici. Je lui parlerai et je le ferai renoncer à son entreprise d’enfant.

Susini ainsi déjouait Salis. Roxane avait levé la tête et cessé de fumer. Mais son visage continuait à n’exprimer rien. Salis ne sembla rien craindre.

— Je n’ai rien à craindre de vous, fit-il. Bien au contraire. Vous êtes une garantie que l’affaire restera silencieuse, donc sûre.

— C’est évident, jeta Susini qui ne souriait plus. J’y vais.

En passant, il regarda Constant, puis Roxane.

— Toi, reste ici, dit-il à Constant.

Constant comprit que Susini ne souhaitait pas que Salis et Roxane restassent en tête à tête, à cause