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informé Salis ? N’était-elle pas un agent russe ?

Susini offrit de la fine à Salis qui refusa.

— Je vais la porter à vos hommes, fit Susini.

— Non, fit carrément Salis, restez ici.

Constant se proposa, pour souligner le mauvais procédé.

— Tu le fais exprès, rétorqua aussitôt Salis. Eh bien, si vous voulez, vous êtes tous les deux en résidence surveillée dans ce salon.

— Je me demande, posa Susini, si vous allez savoir vous y prendre. S’il y a des coups de feu, les Allemands seront alertés et le pot aux roses sera découvert.

— Ne vous en faites pas.

— Je m’en fais, voyons, railla Susini.

Il ne regardait pas Roxane, ce qui mettait autour d’elle une zone de suspicion. Elle fumait dans un fauteuil. On n’apercevait d’elle que ses chevilles qui étaient fortes.

Susini se tut un long moment, il réfléchissait :

— Salis, vous avez tort de le faire au dictateur. Je suis sûr que vous allez faire une gaffe et que nous en pâtirons tous. Je connais mieux ma maison que vous et peut-être mieux que vous ce genre de travail. Si vous m’expliquiez votre plan, je pourrais peut-être vous donner un conseil utile.

Salis haussa les épaules et sortit. Susini dit à Constant :

— Tu n’es pas armé ?

— Non.

— Bon. S’il y a un coup de fusil, nous ficherons