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— C’est bien ça, répondit Salis avec son ricanement exultant. Je vais vous expliquer de quoi il retourne.

Il était sur le seuil de cette grande salle qui servait à la fois de salle à manger et de salon et où ses hommes se penchaient pour regarder les profonds fauteuils de cuir et le carafon d’eau-de-vie sur une table basse.

— Mais d’abord, je vais placer mes camarades.

Sans façon, il referma la porte sur le nez de Susini, de Constant et de Roxane et dans le vestibule conféra avec ses hommes. Des portes s’ouvrirent et se fermèrent. Susini demeurait imperturbable et souriant, mais en même temps il laissait voir qu’il n’était pas content du tout. Salis revint. Il regardait Susini avec ses grands yeux verts où apparaissaient plus épaisses des stries noires.

— Voilà. Je vais vous expliquer, Susini. Je ne suis pas venu pour vous attaquer, mais pour vous défendre.

— Je m’en doutais, s’exclama Susini.

— Oui. Je sais de source sûre que le petit Cormont a l’intention de venir ce soir avec quelques copains à lui, faire un tour dans votre arsenal. Alors, je n’ai fait ni une ni deux et je suis venu vous prêter main-forte.

— Ça, c’est d’un ami.

— Mais ce n’est pas d’un ami ce que veut faire l’autre, ricana Salis.

Il ne regardait pas Roxane, mais Constant la regardait sans arrêt et sans se cacher. Son beau visage était blanc, figé. N’était-ce pas elle qui avait