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— J’ai raison d’avoir confiance en vous puisque vous me prévenez.

Constant haussa les épaules.

— Voilà. Votre Susini, on fait un grand mystère autour de lui. Peu importe. Je ne fais pas grand cas de lui. Ses opinions politiques, s’il en a, je ne m’en soucie guère. Ce qui m’intéresse, c’est ce qu’il y a chez lui.

Constant prit un air excédé.

— Vous êtes chargé de garder le dépôt d’armes, continua Cormont. Je vous préviens que j’ai l’intention de m’en emparer avec mes garçons, et je vous demande de m’y aider.

— Vous allez vite.

— Vous méprisez tous les Français, Trubert, qu’ils soient gaullistes comme Préault, communistes comme Salis ou fascistes comme Bardy. Moi, vous me dédaignez, mais vous ne me méprisez pas.

— Cela fait-il une grande différence quant au résultat ? ricana doucement Constant. Je ne marche pas.

Cormont n’eut pas l’air de se démonter du tout.

— Vous n’allez pas me dire que vous vous croyez des obligations vis-à-vis de Susini ?

— Pourquoi pas ? Je suis son employé, le moins est de faire mon travail.

— Je vous croyais un immoraliste ?

— J’ai le plus grand respect pour la Morale comme pour Dieu, et le Diable, ce sont des présences qui quand on les chasse par la porte rentrent par la fenêtre. Qui vous dit que je ne suis