Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Celui qui a pu échapper à cet assassin maudit !… Ah ! certes, je voudrais le voir, et je vous aurais demandé de me conduire chez lui au plus tôt. Vous dites qu’il part dans trois jours ?

— Oui.

— Dans son nouveau ballon ?

— Oui.

— De quel côté ?

— Vraisemblablement an-devant des armées musulmanes pour renseigner l’Europe sur leur marche, de concert avec la flottille aérienne déjà partie : d’ailleurs lui-même va vous renseigner.

La victoria s’arrêtait devant un élégant pavillon précédé de massif de verdure.

— Les ateliers de construction sont près d’ici, dit l’officier de marine, on leur a affecté l’immense palais bâti pour l’Exposition de 1900, sur les ruines de l’ancien Palais de l’Industrie. Dans ce gigantesque hall, les aérostats les plus monstrueux peuvent se mouvoir à l’aise.

L’accueil du neveu de M. Durville fut des plus chaleureux. Il était toujours l’impeccable gentleman, monocle à l’œil, que nous avons vu à l’œuvre sur le Tzar ; mais les émotions par lesquelles il était passé, lorsque avait eu lieu le drame saharien, lui avaient éclairci les tempes.

En quelques mots il raconta à l’officier son odyssée.

Grâce à Bon-Garçon, le cheval du lieutenant de chasseurs d’Afrique tué par les Touaregs, il avait pu s’enfuir et gagner Laghouat ; il avait trouvé là le commandant de zouaves rencontré au passage et lui avait appris le désastre de l’armée d’Afrique, auquel le vieux soldat n’avait pas voulu croire tout d’abord, s’imaginant que Guy de Brantane avait été frappé d’un coup de soleil.

Il avait dû se rendre à l’évidence en voyant le lendemain matin les premiers éclaireurs touaregs en demi-cercle autour de la place, et Guy l’avait quitté aussitôt, après avoir laissé son cheval se reposer quelques heures, pour éviter que le cercle se refermât autour de la ville.

Plus tard, il avait appris que de la garnison de Laghouat pas un Français n’avait échappé ; elle avait tenu sept mois, jusqu’à épuisement de vivres. Quant à lui, il avait mis près d’un mois pour atteindre la côte : la révolte était partout.