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– Chut ! fit Zahner, et fais semblant de dormir, voilà quelqu’un…

Une ombre s’approchait d’eux semblant chercher et une voix appela.

– De melval !…

Et comme les deux Français ne bougeaient pas :

– De Melval ! répéta-t-elle.

Zahner se redressa, sauta à terre… Il avait reconnu la voix d’Omar.

C’était, en effet, le jeune prince… et Zahner, habitué à le voir toujours calme et mesuré, fut surpris de son agitation.

— Où est de Melval ? demanda-t-il vivement.

— Il est allé chercher Nedjma, il va revenir.

— Mais il sera trop tard pour agir, l’heure s’avance.

— Agir ! mais nous sommes là deux pour cela…

— Vous savez donc ?…

— Nous savons… et vous pouvez compter sur nous.

— Brave cœur ! fit le jeune Sultan prenant la main de l’officier.

— Ne nous remerciez pas, nous vous devons bien cela… Nous n’avons pu nous amarrer exactement au-dessous de l’endroit, dit-il, ça aurait pu éveiller les soupçons ; il y a des yeux qui nous regardent à travers la muraille, sans quoi j’aurais pu éviter la chute dans l’eau.

Le jeune prince se voila les yeux.

— C’est affreux ! dit-il, affreux ! pauvre chère mère !… Vous réussirez, n’est-ce pas ?…

— N’en doutez pas, nous nageons tous deux comme des dauphins.

— De Melval vous a dit ce qu’il fallait faire ensuite ?

— Non, c’est même une lacune fâcheuse et je voudrais bien qu’il revienne.

— Eh bien ! il faut partir de suite, sans une minute de retard ; j’attends ici un noir chargé de tout ce qu’il faut pour faciliter votre voyage.

— Mais le Sultan ?

— Vous ne pouvez attendre à demain pour le voir… d’ici à demain ma mère pourrait être découverte, reprise, et elle serait perdue tout à fait…

— Nous la cacherons sous un amas de vêtements… j’ai pris une barque plus grande… nous aurons de la place.…