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En fidèle chien de garde, Mata l’emportait, veillant sur elle avec un soin infini, se rappelant que jadis sa petite Atima n’avait, après lui-même, d’autre affection que la jeune Mauresque.

Une seule fois deux Monbouttous avaient réussi à pénétrer auprès de Nedjma sans être éventés par le fidèle serviteur mais au moment où ils se précipitaient pour la saisir et l’emporter, elle leur avait montré le gris-gris, l’amulette sacrée enlevée au cadavre de Zérouk dans la casemate de Périm, et ils s’étaient enfuis, sachant que celui-là est sacré qui porte ce talisman royal.

Ceux-là, Mounza les avait fait décapiter sans entendre leurs explications mais, depuis, d’autres tentatives avaient été vaines.

Et elle allait lui échapper définitivement s’il échouait encore ce jour-là.

Il lança vers de Melval un regard chargé de haine ; mais le Français, absorbé par sa conversation avec le fils du Sultan, ne le vit pas…

Puis il fit signe à deux Monbouttous, deux chefs dont les hauts bonnets étaient garnis de plumes d’autruche, leur dit quelques mots à voix basse, résumé d’ordres précédemment donnés, et se perdit dans la suite des grands chefs qui faisait escorte à Abd-ul-M’hamed.

À part les dix ou douze barques qui venaient de traverser le Bosphore, aucune embarcation ne se montrait dans le détroit.

Il semblait pourtant que la masse noire ne trouvant plus rien devant elle, dût s’élancer sur cet objectif si longtemps convoité.

Mais Omar avait exposé à son père combien il serait imprudent d’occuper de suite cette ville détruite, encore infectée de millions de cadavres sans sépulture, et de quitter la région fertile et bien arrosée où les approvisionnements étaient assurés encore pour plusieurs semaines.

Pour la Garde noire surtout, indemne jusque-là de toute maladie contagieuse, l’imprudence eût été flagrante, et des ordres avaient été donnés pour que les troupes noires bordassent le rivage d’Asie ce jour-là.

Le lendemain seulement celles qui devraient se porter au delà de Stamboul, sur les lignes fortifiées de Tchataldscha,