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— Maintenant, supposez un peu que le plan dont je vous ai esquissé les grandes lignes ait réussi, que nous rencontrions le prince Omar, que vous ayez une entrevue avec lui que comptez-vous faire ?

— Ah ! fit-elle, voilà, voilà où est mon indécision !… Dois-je vous quitter, dois-je le suivre ? Assurément, il m’en priera et mon amour n’aura pas plus de scrupules que n’en a eus votre amitié. C’est un ennemi de notre race, c’est vrai ; mais c’est un ami pour moi comme pour vous. Donc ce n’est pas cette considération qui m’arrête. mais c’est bien scabreux et je risque beaucoup ! D’abord, moi, je ne veux pas de partage. Vous m’avez bien affirmé qu’il n’a pas de sérail, pas de femmes derrière lui ?

— Pas une, vous dis-je : il mène une vie d’anachorète, alors qu’il n’aurait qu’à faire un signe pour voir venir à lui des femmes superbes, car il y en a dans cette émigration… et de jolies. je vous en réponds….

— On dirait que vous y avez goûté ?…

— Peuh ! fit Zahner, à qui revint le souvenir amer d’Hourida. Bref, sa continence est une rude preuve de fidélité, et je vous assure que ça n’a pas été un de mes moindres étonnements.

— Cher Omar ! fit-elle dans un élan attendri ; mais comment le suivre ? je ne monte pas à cheval, moi, et je ne sais pas comment…

— Ne comptez pas sur un autre mode de transport, il ne pourrait vous en offrir d’autre ; il n’y a pas une voiture dans toutes ces armées pour lesquelles les routes n’existent pas et qui passent partout… Ah ! si, pourtant… il pourrait vous mettre à dos d’éléphant…

— Merci bien j’aurais trop peur… Être balancée dans un palanquin, à hauteur d’un premier étage… Allons, je ferai mieux de lui donner rendez-vous dans une grande ville… on d’attendre que la guerre soit finie… Je vais réfléchir à tout cela…

Et, comme le jeune enseigne de vaisseau s’approchait d’elle, le sourire aux lèvres, pour lui susurrer un compliment, elle descendit dans sa cabine.

Les actions de Maurice Franclieu étaient en baisse.

La tête pleine des descriptions féeriques qu’elle se plaisait à évoquer dans son étroite cervelle, elle se voyait déjà