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tions innombrables, par la disproportion extraordinaire qui se révélait partout entre la faiblesse de l’homme et la puissance des travaux enfantés par son intelligence.

Dans des « halls » d’une prodigieuse hauteur uniquement formés de verre et de métal, dans des galeries souterraines allant chercher dans les entrailles du sol et jusque sous le lit du fleuve l’espace qui manquait à la surface, la matière courait, tournait, montait, trépidait.

D’innombrables machines distribuaient ou recevaient le mouvement. Des turbines d’un diamètre inconnu jusque-là tournaient avec une vitesse vertigineuse dans des blocs de béton profondément enfoncés dans le soi, et lorsque de Melval demanda quelle était la force motrice qui leur donnait la vie, M. Gautier lui montra en souriant, sur une carte, la chute de l’Oise, au barrage de Venette, près de Compiègne. Un fil de cuivre de gros diamètre suffisait à amener, sans déperdition exagérée, cette force énorme à pied d’œuvre, et bientôt d’autres torrents allaient envoyer à Paris de la même façon, du fond du Dauphiné et des Grandes Alpes, les millions de chevaux-vapeur inutilisés, jusqu’alors, de leurs cascades.

— Mais la vapeur ?

— Vous n’en trouverez plus guère trace ici… elle est démodée depuis que le problème du transport de la force aux grandes distances a été réalisé, depuis surtout que l’accumulateur électrique de faible poids permet de la recueillir et de la tenir en réserve…

Auprès de ces monstres métalliques en rotation semblables, à fleur de sol, aux extrémités des axes du globe terrestre, des appareils délicats comme des ailes de libellules traçaient sur le platine des divisions espacées d’un dixième de millimètre, découpaient des roues dentées minuscules, tournaient des vis au pas invisible, ou étiraient des fils métalliques semblables à des cheveux de femme.

Dans la Section des toxiques, c’était un changement de décor à vue : plus de bruit, plus de mouvement.

Au milieu d’une armée de bocaux, de cornues, d’éprouvettes, de ballons et de tubes de toutes dimensions, des chimistes, leurs préparateurs et leurs aides, allaient silencieux comme des ombres, manipulant sous des masques ou avec des gants de caoutchouc des corps au contact perni-