Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oh ! tu sais, les femmes s’embarquent maintenant en ballon comme jadis en omnibus ; depuis que la navigation aérienne est trouvée, on va à Royan, à Arcachon, à Menton dans les courriers Durville comme on prenait le train de luxe de Nice.

— Possible, mais enfin notre ballon à nous va aller se promener au-dessus de l’armée noire, et si un accident nous faisait choir au milieu, elle passerait, comme femme vertueuse, un fichu quart d’heure. Comment peut-elle espérer retrouver Omar ?

— Elle sait qu’il est un chef puissant, entouré du respect de tous, avec une escorte extraordinaire ; ça l’a emballée, j’ai bien vu ça, et elle part sans trop savoir ce qu’il adviendra. Je me suis bien gardé de la dissuader.

— Pourquoi ?

— Parce que ce sera une distraction. Une femme à bord, ça change…

Et les deux amis étaient allés terminer leurs préparatifs.

Le soir même ils étaient conviés à un punch que leur offrait l’armée de Paris au Cercle militaire.

Jamais réception ne fut plus chaleureuse que celle-là. L’armée s’y entend pour honorer ceux de ses enfants qui se sont acquis des titres à son estime, et lorsque les officiers apprirent de la bouche même de leurs camarades qu’ils repartaient sur le ballon de M. de Brantane, au-devant des masses musulmanes, l’enthousiasme ne connut plus de bornes.

De Melval et Zahner vécurent certainement ce soir-là les heures les mieux remplies et les plus fécondes en satisfactions d’amour-propre de toute leur existence militaire.