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pays si différent du Sahara, et il disait qu’il ne fallait pas pousser leur patience trop loin.

Heureusement, les provisions ne manquaient pas et le ballon conservait une imperméabilité absolue c’était un grand point ; que fût-il devenu s’il eût dû abandonner son véhicule aérien avec sa charge de pierres précieuses dans un des marécages du Chari ?

Au confluent de la Bénoué il retrouva le Niger et retomba en pleine lutte.

Les Noirs du Yomba, du Noupé, du Bénin achevaient la destruction des établissements anglais de la Royal Niger Company de tous côtés des incendies s’élevaient, et de nombreuses colonnes, remontant le fleuve, se dirigeaient vers le Nord-Ouest, contribuant à entretenir l’erreur de Saladin et à lui faire croire que l’effort unique de l’invasion musulmane, avait pour objectif les rivages de la Méditerranée.

De nouveau il suivit ces colonnes, renouvelant à plusieurs reprises le seul procédé qui fût à sa disposition pour se procurer des renseignements, fondant à l’improviste sur de petits groupes isolés, mais ne parvenant à tirer, des malheureux qu’il ramenait ainsi dans un état d’hébétude très compréhensible, que des indications contradictoires.

Il les rendait à la liberté à moitié fous, souvent dans un état lamentable, et nul doute que les pauvres diables, ainsi retombés sur la terre après une pirouette dans l’atmosphère, ne devinssent, auprès de leurs coreligionnaires, des sorciers tout-puissants ou des marabouts vénérés.

Une masse plus épaisse que les autres était arrivée au coude que fait le Niger à Gamba, et Saladin s’apprêtait à la suivre, lorsqu’on consultant la carte, il fut frappé par le mot Dahomey, situé non loin de là.

Il mesura la distance. Elle n’était que de 500 kilomètres à vol d’oiseau.

À Abomey, il trouverait des compatriotes et pourrait, du moins, se mettre en communication avec eux : il serait accueilli là comme le Messie.

Qui sait même s’il ne trouverait pas dans ce pays, où la colonisation était encore neuve, quelques aventuriers décidés à l’accompagner ?

Avec quel plaisir il se débarrasserait de ces Touaregs