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ceux qui étaient occupés, suivant une louable habitude africaine, à l’achèvement des blessés, on voyait les combattants, par petits groupes, regagner la vallée pour retrouver l’eau, l’ombre et le repos.

Saladin avisa un de ces groupes d’une cinquantaine d’hommes que dominait un indigène à cheval, semblable à un chef entouré de ses vassaux.

Il pointa vers lui la masselotte comme un capitaine de vaisseau dirige son éperon sur un bâtiment ennemi, et le Tzar, s’inclinant, prit sa course vers la terre.

Quelques minutes après, il fondait sur sa proie : le sol arrivait à toute vitesse ; quand il jugea le moment favorable, d’un mouvement rapide, Saladin redressa le navire aérien.

Un choc brusque venait de se produire.

L’échelle, de ses dents terribles, venait de mordre dans cette grappe humaine, et entraîné par sa vitesse acquise, mais dans l’impossibilité de remonter, le ballon traînait derrière lui tout un butin de corps suspendus, harponnés.

— Mais jette donc ! jette donc ! s’écria Saladin, voyant Ilmiden immobilisé par la surprise et sentant le ballon cloué au sol.

Et se précipitant pour l’aider, il lança au dehors force saumons de plomb.

Mais la récolte humaine était trop abondante, et nul ne sait ce qui serait advenu, si deux indigènes harponnés n’eussent subitement délesté l’aérostat en retombant à terre, l’étoffe de leurs vêtements ayant lâché prise. Le Tzar remonta rapidement.

Saladin se pencha deux autres indigènes étaient suspendus à l’échelle flottante.

La pêche était bonne.

Il fallait pourtant que les terribles crocs les eussent suffisamment épargnés pour qu’on en put tirer quelque chose, et Saladin en douta un instant, en remarquant que l’un d’eux était littéralement embroché.

Il était presque nu, avait dû tomber, et ramassé par les pointes aiguës, il avait été transpercé en deux endroits : au-dessous de l’omoplate et au-dessus du bassin. Il occupait, bras et jambes pendants, la partie inférieure de l’échelle.