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un arbuste. Ses habitants avaient accueilli, avec joie, les soldats qui les préservaient du pillage annuel des Touaregs.

Peu à peu elle était sortie de ses ruines ; une cité nouvelle s’était élevée autour de la « Grande Mosquée » qui occupait le centre de la ville à l’époque de son ancienne splendeur.

Son commerce avait repris un essor nouveau : le sel des mines de Taoudéni, le mil et la noix de kola, apportée des rivières du Sud, les étoffes et les tapis fabriqués par les riverains du Niger, le thé venu du Maroc, les ouvrages en peau fabriqués dans les villages environnants, avaient, malgré les Touaregs eux-mêmes, donné lieu a des échanges de plus en plus nombreux.

Des plantations avaient été faites autour de la ville, des canaux de drainage creusés dans la plaine basse qui la sépare du fleuve, avaient fait disparaître les mares pestilentielles qui en empoisonnaient les abords ; des fermes arabes s’étaient bâties sur des « marigots » du Niger, et les nombreux troupeaux qui paissaient dans les savanes et les forêts de mimosas de l’Assouad avaient augmenté rapidement la richesse du pays.

La culture du riz, jadis importée d’Egypte par les Pharaons, d’après la légende, avait été remise en honneur et avait donné aux indigènes dans ce pays d’eau et de soleil de merveilleuses récoltes.

Enfin, les rares savants qui s’y étaient perpétués, gardiens jaloux des précieuses bibliothèques qui avaient résisté aux injures du temps et aux pillages des vainqueurs, étaient sortis de leurs mosquées et s’étaient remis à professer, attirant à leurs cours les musulmans du Bornou, du Kanem et du Mossi.

Mais ce qui manquait à la cité renaissant de ses cendres, c’était la sécurité du côté du Nord.

La colonisation ne pouvait prendre son essor, le commerce ne pouvait se développer qu’à la condition que les routes algériennes fussent libres comme l’étaient celles du Sénégal.

Comment et pourquoi une puissance telle que la France tergiversa-t-aussi longtemps et se décida-t-elle si tardi-