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— Admirable !

— Alors, demanda l’officier, le vent aurait tourné ?… car il nous aide en ce moment ?…

— Sans doute.

— Vous êtes sûr de la direction du compas ? demanda à son tour le savant.

— J’ai pris la déclinaison magnétique que vous m’avez donnée, docteur, 44 degrés 11’.

Et vous tenez compte de sa variation progressive, sir James ?

— Bien entendu. Elle croît, m’avez-vous dit, de 1 degré 8’par degré de méridien parcouru… Est-ce bien cela ?

— Parfaitement. Quand nous serons au Pôle, l’aiguille magnétique fera avec notre direction actuelle un angle de 62° 40′.

Georges Durtal commençait à s’assoupir, quand une exclamation de l’Américain rompit le silence.

— La banquise !

Il se leva aussitôt. Il l’attendait impatiemment, cette banquise, que les explorateurs rencontrent plus ou moins haut chaque année suivant l’intensité de la chaleur solaire et la direction des courants. Cette année-là, elle se trouvait exceptionnellement haut.

Le jeune homme s’accouda sur le bordage.

Sous la nacelle, des milliers de blocs de glace flottaient, enfants perdus du grand glacier polaire, y scintillant sous les rayons d’un soleil oblique et pâle comme une lune d’hiver.