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séjour en France pour apporter à l’officier, devant le tribunal militaire, le témoignage de leur admiration et de leur reconnaissance.

L’ordre qui prononçait la mise en jugement de Georges Durtal ne visait point sa conduite au moment de l’envolée de l’aérostat dans le ravin d’Andevanne ; car les auteurs de l’attentat avaient été arrêtés au moment où ils franchissaient la frontière du Luxembourg, grâce aux dépêches téléphoniques envoyées aussitôt d’Andevanne à tous les postes de douane. On avait appris avec stupeur alors que ces destructeurs de nos engins militaires étaient, non des étrangers, mais des anarchistes français mettant en pratique les plus détestables enseignements de l’antimilitarisme. Ils étaient trois et attendaient à cette heure leur comparution devant la Cour d’assises.

Mais leur attentat n’avait pas eu les conséquences qu’ils en espéraient : le Patrie avait été sauvé !

Et s’il était maintenant perdu pour la France, c’est parce que l’officier qui en était devenu le chef responsable, avait cru pouvoir, — disait l’acte d’accusation — le détourner de sa destination pour entreprendre, sans ordre et sans autorisation, un voyage d’où il avait toutes chances de ne pas revenir. »

Là était le point sur lequel s’appuyait le Commissaire du Gouvernement pour demander, non la condamnation de Georges Durtal à une peine quelconque, mais un blâme motivé, sauvegardant le principe hiérarchique.