cet abandon serait profitable à ceux devant lesquels la vie s’annonçait riante et féconde.
Non, Dieu, plus indulgent que les hommes, ne m’accablerait point et le recevrait là-haut !…
Et, de son cœur tout vibrant de reconnaissance, une prière monta pour l’infortuné savant.
Pendant qu’on en était aux déceptions, Georges Durtal avoua le touchant mensonge qui avait donné naissance à l’île Petersen. L’aérostat avait tout simplement touché la banquise ; aucune terre n’en émergeait et c’était encore une rectification à faire au compte rendu que, sur la foi des dépêches, avaient déjà diffusé dans le monde entier journaux et sociétés savantes.
— Pauvre Petersen ! conclut de nouveau l’Américain. Je ne sais plus s’il est bien opportun de lui faire bâtir une pyramide en ce lieu, car décidément, il ne restera pas grand’chose de lui…
— Il emporte mon admiration la plus sincère, déclara nettement Christiane.
— Il a emporté aussi deux boîtes de pâté truffé que je lui avais mises dans ses poches à la répartition des vivres, remarqua l’Américaine. C’est tout à fait regrettable, car nous allons être rapidement au bout de nos provisions.
Ce fut la fin de l’oraison funèbre du pauvre homme.