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Le heurt brutal qu’avait redouté l’officier se transforma en un frottement rude et prolongé.

Mais le Patrie avait dû rencontrer le long de la paroi rocheuse des aspérités qui avaient élargi les plaies par lesquelles fusait son hydrogène, car sa poussée ascensionnelle se ralentit, et Georges Durtal, levant la tête, eut la sensation aiguë qu’il n’atteindrait pas le sommet.

C’était une situation atroce, car rien au monde ne pouvait plus être tenté.

Tout délestage était désormais impossible.

Quand il aurait cessé de monter, l’aérostat commencerait à descendre avec une vitesse accélérée.

Alors Georges Durtal n’eut plus qu’une pensée : rejoindre Christiane, se trouver près d’elle quand la chute commencerait, la Soutenir quand on atteindrait les vagues, mourir avec elle s’il ne pouvait rien.

D’un vigoureux coup de rein, il se renversa en arrière, passa ses jambes sous le savant et se redressant, maintenant assis sur le dernier échelon, il se trouva face à face avec lui.

Petersen avait un regard étrange, ses dents claquaient et sa grosse tête roulait sur ses épaules, comme trop lourde.

— Nous n’arriverons pas en haut ? demanda-t-il d’une voix rauque.

— Non ! fit l’officier, les dents serrées.

Et Georges Durtal s’apprêtait à franchir les trois échelons qui le séparaient de sa fiancée, quand nerveusement la main du docteur saisit la sienne :