Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne pouvait plus appliquer au bon endroit, et devant eux le formidable bastion de granit grandissait démesurément.

Déjà, les naufragés de l’air entendaient les cris discordants des myriades d’oiseaux de mer que chassait des anfractuosités rocheuses la vue du colossal oiseau qui se ruait à l’assaut de leurs nids, lorsque, enfin, à la suite d’un soubresaut plus violent que les autres, le dernier câble se brisa.

Le Patrie fit un bond gigantesque !

— Georges !

Et l’appel désespéré de la jeune fille, installée au sommet de l’échelle et, les bras raidis, se penchant pour regarder au-dessous d’elle, se perdit dans le vacarme et dans le vent.

— Christiane !… je suis là !… Tenez-vous bien !

L’intrépide officier, suspendu à l’extrémité de l’échelle, dont Petersen assis occupait l’avant-dernier échelon, était dans l’attitude du gymnaste suspendu à un trapèze.

Au-dessus de lui, la nacelle, ballottée, mais toujours flottante, n’était déjà plus qu’un petit point.

L’œil atone, assis sur l’avant-dernier échelon, le docteur Petersen considérait le vide qui se creusait à ses pieds ; ses lèvres remuaient sans émettre de sons.

Levant la tête, Georges Durtal vit Christiane descendre de quelques échelons, comme si elle eût cherché à venir à sa rencontre et, arrivée à hauteur de mistress Elliot, l’enlacer étroitement.