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sortie ou à sa rentrée, on descend les hélices de leurs axes, et ce travail, maintes fois exécuté sous les yeux de Georges Durtal, pouvait être effectué par lui sans tâtonnement, ni perte de temps.

L’une après l’autre, les deux ailes d’acier allèrent rejoindre le réservoir au fond de l’Océan et deux nouvelles heures furent ainsi gagnées.

Deux heures pendant lesquelles Christiane, le cœur chaviré, essaya de détourner les yeux de l’épave humaine que le Patrie traînait à sa remorque.

Mais son regard s’y reportait malgré elle.

La figure convulsée du nègre exprimait maintenant la terreur la plus intense, car le malheureux comprenait que le moment viendrait où, pour gagner les quelques kilogrammes de lest que représentait la partie de son corps restée hors de l’eau, les blancs du Patrie n’hésiteraient pas à couper la corde qui le rattachait à la vie.

Après avoir appelé en vain son « excellent maître », il avait implore Christiane, dont il devinait l’immense pitié, et ses yeux suppliaient, embués d’épouvante…

— C’est affreux ! dit la jeune fille à mistress Elliot. Allons-nous abandonner ce malheureux pour nous sauver ?…

— Laissez faire sir James, miss, dit l’Américaine ; il fera ce qu’il faut, soyez-en sûre…

Et, adressant de la main un geste amical à Bob, comme pour lui dire de ne pas perdre courage :