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nombreux floë ou glaçons dérivaient lentement vers l’ouest.

Quelques-uns formaient de véritables îles de plusieurs kilomètres carrés, et des légions de phoques s’y ébattaient, apparition rapide, aussitôt évanouie.

Puis, les icebergs se firent plus rares, et ce fut l’immensité désertique, monotone, incommensurable de l’Océan sans bornes.

Où allait-on ? Qu’y avait-il de l’autre côté ?

Le continent sibérien avec ses lagunes, ses plaines immenses, avec l’orungan des Toungouses ou la toundra des Samoyèdes ?

Où était-ce le continent américain avec le désert neigeux de ses Esquimaux, sa barrière de montagnes et le fouillis de ses archipels ?

Aucun des passagers n’aurait pu le dire, car, depuis plusieurs heures, ni Georges Durtal, ni l’Américain n’avaient consulté le compas. Le souci de ne pas toucher la banquise avait primé tous les autres. Ils n’avaient pas continué à tracer sur la carte les variations de l’aiguille aimantée et, quand ils songèrent à l’observer, ils trouvèrent un angle de 105 degrés qui semblait indiquer une translation constante vers la terre de Wrangel et le détroit de Behring.

— Je vais aller déboulonner le réservoir d’essence, dit Georges Durtal à l’américain. Veillez avec soin