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Peu après, la caisse d’outils suivit. Mais l’officier avait eu soin d’en retirer une hachette qu’il suspendit à sa ceinture, une lime qu’il mit dans sa poche et les outils nécessaires au déboulonnage du réservoir.

— Ne pouvez-vous pas user du procédé qui vous a si bien réussi pour enrayer notre chute près du Pôle ? hasarde Cornelia, qui, avec Christiane de Soignes, s’occupait à démonter la tente de peau et à la découper pour la jeter par morceaux, le moment venu.

— C’est vrai, appuya sir Elliot… Vos plans horizontaux ont fait merveille à ce moment-là…

— Parce que le ballon avait une vitesse propre. Mais là, nous n’avons que la vitesse du vent, et les ailerons d’avant, qui ont fait office de plan d’aviation, n’auraient pas plus d’action que n’en a le gouvernail d’une barque abandonnée au courant d’un fleuve.

— Et pourquoi ne nous donnerions-nous pas une vitesse propre ? interrogea l’Américain.

— En mettant la machine en mouvement ?

— Eh ! oui, pourquoi pas ?… Puisque vous êtes décidé à jeter l’essence et son réservoir, nous n’avons pas à l’économiser. Usons-en au contraire le plus possible, et nous nous délesterons ainsi au fur et à mesure de sa consommation, tout en augmentant notre vitesse.

L’idée était juste, bien qu’issue d’une proposition fausse de mistress Elliot, et Georges Durtal s’y rendit.